9.2 Nouveaux média

Digitalisation, accumulation, amnésie numérique

Que devient l'information diffusée par les chaînes TV, par les milliards de pages web, et celle diffusée sur tous nos écrans ? Avant l'ère numérique, la mémoire de nos activités s'inscrivait dans des cahiers, des livres, des journaux, des vinyles, des photos, des agendas, des lettres, dans des objets physiques. Que deviennent nos objets numériques ? Comment en conserver la mémoire ? Que faisons-nous de l'information qui n'est plus d'actualité ?

Le vieillissement de l'information n'est pas traité. Nous avons le choix d'effacer ou de ranger l'information. Pour la ranger, nous disposons de dossiers, de pages du web, d'applications, d'archives. Puis le temps passe… et nous multiplions les dossiers, nous ajoutons de nouvelles pages, de nouvelles applications, de nouveaux albums, boîtes aux lettres, sous-groupes, sous-menus, etc.

La question n'est pas la capacité de stockage, mais notre interaction avec l'information. Les interfaces doivent accéder à davantage d'informations, ils ne sont pas adaptés pour nous présenter la totalité des informations accumulées. Pour chaque type d'objet, il existe une interface spécifique, une application dédiée. Il devient laborieux, voire impossible, de retrouver la mémoire de nos activités numériques, de reconstituer l'histoire de l'information, d'en faire une relecture, parce que l'information est spatialement sur-fragmentée et insuffisamment inscrite et regroupée dans le temps.

Notre société numérique perd la mémoire, elle ne parvient pas à se souvenir, à rétablir un ensemble d'informations hétérogènes et pertinentes pour un temps donné.

 

Information vivante

Nos systèmes d'informations gèrent le temps avec des dates de création. Un document vieux de 10 ans fait partie du système au même titre qu'un document qui vient d'être créé. A la date de création, il manque une date de fin indiquant que l'information n'est plus d'actualité, qu'elle n'est plus pertinente. Ensemble, la date de création avec la date de fin forment un intervalle de validité. L'information n'est plus accumulée dans un perpétuel présent, mais elle est répartie dans le temps, elle existe pendant un ou plusieurs intervalles de validité, elle prend vie.

Nous avons deux nouveaux choix : libérer l'information (clore l'intervalle de validité) et rappeler l'information (initier un nouvel intervalle de validité). L'information dont aucun intervalle de validité n'inscrit le temps présent n'encombre plus le système d'information, lequel reste léger et performant. Le contenu présenté par les interfaces est pertinent et actuel. L'accumulation de l'information est fortement réduite parce que l'information vieillissante est libérée, elle laisse la place à l'information récente. Voir aussi cet article LinkedIn.

 

Nouveaux média temporels 

Ces nouveaux média inaugurent une interface inédite, la navigation temporelle. Elle rétablit l'information diffusée de seconde en seconde, d'année en année, sans discontinuité, comme si l'on visionnait une vidéo au ralenti ou en accéléré. Ainsi une quantité importante d'informations est rendue accessible. La navigation temporelle permet également de préparer l'information future, de planifier, de promouvoir des événements futurs.

Le web ne gère pas le vieillissement de l'information. Le contenu des pages changent et l'ancien contenu est oublié. Impossible de naviguer sur le web de 2001 ! La presse écrite et la télévision produisent de l'information naturellement inscrite dans le temps qui raconte notre histoire depuis des décennies. Avec ce projet, elles bénéficieraient d'un média adapté à du contenu temporel, capable de redonner une mémoire à l'information, de rediffuser à la demande n'importe quelle période du passé, de relire notre histoire, de nous souvenir.

L'information temporelle a plus de valeur parce qu'elle est reliée et inter-connectée par les chevauchements des intervalles de validité. Elle gagne du sens parce qu'elle est en correspondance temporelle avec d'autres informations. Des analyses plus sophistiquées, de nouveaux moyens de recherche sont possibles. La recherche par concomitance retrouve de l'information via les emplacements temporels d'autres informations, par exemples, elle rétablit le système d'information au moment où telle photo a été prise, quand tel courriel a été envoyé, lors d'un événement de l'actualité.

Créer, éditer, partager, diffuser, explorer de l'information temporelle intéresse bien des domaines. Avec la presse et la TV, il y a la gestion de projet et d'événements, la finance, la santé, le monde des objets connectés, la gestion de nos informations personnelles, l'histoire, l'éducation, le marketing, la veille concurrentielle, la sécurité, …, et les futurs réseaux socio-temporels. La gestion d'information temporelle juxtapose les flux, elle promet d'innombrables perspectives et certainement l'émergence de nouveaux média.

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